iap_vig_5.jpgBienvenue dans l’infini contemporain de la musique carnatique, par la grâce de l’une de ses plus brillantes interprètes actuelles, Bombay Jayashri Ramnath… ou Jayashri, tout simplement, pour ses fervents admirateurs. La musique carnatique de l’Inde du Sud, que l’on a dépeinte comme "dévoilant les secrets de la nature, nous entraînant vers la réalité qui se cache derrière le phénomène", a en effet trouvé en cette artiste un nouveau joyau, enraciné au plus sincère de l’esprit de la tradition, et se projetant ardemment sur un cheminement contemporain, pétri d’universel. Elle se produit avec ses musiciens pour un concert exceptionnel au Théâtre de la Ville le 11 novembre...

L’univers de soie et d‘infini cosmique de Jayashri

C’est le raga qui est la vedette
Cette dimension spirituelle, quelque peu érodée par le statut de musiques de cour puis par le "star system" moderne – alors qu’à l’origine c’est le raga qui est la vedette… –, demeure éminemment présente dans la tradition carnatique. Élaborée dès le XVIe siècle par le compositeur Purandara Dasa, cette musique s’est amplement consolidée au XVIIe et XVIIIe siècles près de Tanjore, berceau de la civilisation de l’Inde du Sud, dans le Karnataka actuel. C’est d’ailleurs du nom de cet état dont elle pourrait tirer son appelation*. Dans le petit village de Tiruvarur, sont nés et ont vécu en effet les trois compositeurs d’exception qui constituent la fameuse Trinité musicale carnatique : l’érudit Muttuswamy Dikshitar, Shyama Shastri qui se consacra à la déesse Parvati, et surtout Sri – ou Swami – Tyagaraja qui dédia sa vie au dieu Rama, "Sauveur de l’humanité". Issu de noble famille, ce "prince du renoncement" – Tyaga-raja – choisit délibérément d’être mendiant, "donnant sa musique comme une offrande au monde"… tout en s’appropriant de multiples formes musicales. Sa fine élaboration, notamment, des compositions kriti, a fait depuis lors de celles-ci un élément incontournable de toute représentation carnatique. "Peut-être plus discrète, plus respectueuse de l’anonymat" que la flamboyante tradition nordiste hindoustanie – comme le notent fort pertinemment Stephen Frank et Nunzio Casalaspro –, cette musique carnatique n’en est pas moins riche d’artistes d’exception comme Sudha Ragunathan – cette autre grande voix carnatique présentée en cette même enceinte en l’an 2000 – ou… Bombay Jayashri qui acclimate le meilleur de la tradition de Sri Tyagaraja. Elle le chante d’ailleurs régulièrement, notamment dans les kritis "Brova Barama" et "Vidajaal Adura".

bombay_jayashri_1.jpg

La musique, ne met-elle pas le feu à l’âme ?
Toute l’approche de la chanteuse reflète l’esprit de la bhakti, cet amour passionné visant l’anéantissement du moi individuel et le retour à l’Union primordiale… : "Le feu ne purifie-t-il pas, ne témoigne-t-il pas, ne détruit-il pas… pour créer l’indestructible ? La musique n’allume t-elle pas une étincelle ? N’attise-t-elle pas une flamme ? Ne met-elle pas le feu à l’âme ?

"La fragrance de la fleur, le chant de l’oiseau, la montée des vagues, l’embrasement du feu, l’oscillation des feuilles, le souvenir du bien-aimé… Le vent s’est – il n’a jamais demandé pourquoi il souffle?….", nous confie-telle ainsi.

Interprète d’excellence
Issue d’une famille de musiciens au riche héritage, Jayashri a été formée très tôt par ses propres parents, acquérant par ailleurs une grande maîtrise du style hindoustani du Nord de l’Inde. Mais c’est son maître Shri Lalgudi G. Jayaraman, dont elle poursuit aujourd’hui la
tradition, qui l’a pleinement introduite dans les arcanes de la musique carnatique et dans cette imagination musicale manodharmaqu’elle n’a, depuis lors, de cesse d’affirmer. Interprète d’excellence donnant depuis plus de vingt ans des concerts aux quatre coins de l’Inde et maintenant du monde, compositrice inspirée de musique de films et de ballets – et même d’un saisissant opéra basé sur l’épopée tamoule Silapadhikaaram –, enseignante résolue…, Bombay Jayashri est le brillant reflet de cette nouvelle génération d’artistes indiens, engagés avec intensité en chaque domaine, mêlant réelle adhésion à l’esprit de la tradition et quête incessante de nouvelles teintes, nouvelles expériences musicales et vocales. Un engagement salué par le quotidien The Hindu qui notait récemment à son propos que "sa sensibilité est enracinée dans la tendresse, vivifiant la musique… et la musique, en retour, se prête à la contemplation…" Bienvenue dans l’univers de soie et d‘infini cosmique de Jayashri ! Elle nous y convie, en toute sincérité, afin d’"écouter le silence, le silence intérieur, et les sons des silences…"

Date et heure
Samedi 11 novembre à 17h

Tarif
Normal : 17€
Réduit : 12€

Lieu
Théâtre de la Ville
2 place du Châtelet
75004 Paris
Métro Chatelet
Tél. 01 42 74 22 77

Liens utiles
Site du Théâte de la Ville

Site de B
ombay Jayashri
Association dédiée à la musique carnatique
madhurya

* Selon une autre interprétation, carnatique signifierait ancien ou traditionnel en tamoul.