"Le monde dans lequel je suis né à la fin des années 1920 semble avoir disparu depuis des siècles. J’étais alors l’héritier présomptif de la principauté de Sarila, au centre de l’Inde. Mon landau ne possédait pas de roues parce que c’était un énorme éléphant, et mon père avait droit de vie et de mort sur ses sujets.
"À l’époque, l’Inde britannique coexistait avec l’Inde indienne aux trois cent cinquante États, dont beaucoup très petits. Se sentant protégés par la puissance anglaise, d’excentriques maharadjahs couverts de bijoux continuaient d’habiter des palais de marbre, de chasser le tigre et de jouer au polo. J’ai vécu ces années d’aveugle euphorie et fréquenté le Mayo College, véritable Eton indien. Mais lorsqu’en juillet 1947 à New Dehli j’ai représenté mon père à la Chambre des princes, rassemblés pour la dernière fois, j’ai été fasciné par l’habileté avec laquelle Lord Mountbatten convainquait ceux-ci de rallier l’Union indienne sur le point de naître.
"Ce dernier vice-roi, je l’ai côtoyé quotidiennement comme aide de camp dans les premiers mois de 1948. Mon livre s’achève cette même année, quand je suis entré dans la carrière diplomatique. Car si j’avais vu se dissoudre l’Inde des princes, je voyais désormais se construire l’Inde nouvelle."
Narendra Singh Sarila dans son uniforme d'ADC (Army Deputy Commissioner) en 1948. |
Témoin de cette décolonisation anglaise menée au pas de course par le légendaire petit fils de la reine Victoria avec lequel l’auteur sut nouer des relations amicales, Narendra Singh Sarila est demeuré un acteur politique majeur en exerçant des fonctions à l’ONU comme délégué spécial pour les questions indo-pakistanaises, et au moment de la crise du Bangladesh en 1971, puis comme ambassadeur en Espagne, au Brésil, en Lybie, en Suisse (avec accréditation au Vatican) et enfin en France (1982-1985). Il fut à l’origine des Belles Étrangères qui initièrent la traduction de nombreux auteurs indiens en France. Il est en outre l’auteur d’un ouvrage de géopolitique internationale, toujours d’actualité et très remarqué, sur la partition de l’Inde (The Shadow of the Great Game, 2005).
"Récit passionnant d’une époque disparue. Ce témoignage va au-delà de l’œuvre de mémoire."
Dominique Lapierre
Titre : Un jeunesse indienne
Auteur : Narendra Singh Sarila
Traducteur de l'anglais (Inde) : Danièle Momont
Éditeur : Payot
Date de publication : 9 mars 2011
Format : 300 Pages - Broché
ISBN : 978-2228906432
Prix public : 20€ (19€ à la librairie indeaparis.com)