Odissi partage certaines caractéristiques avec d’autres styles de danses classiques de l’Inde, tels que les principes en sont décrits dans le traité "Natya Shastra" ,mais c’est peut-être le plus ancien, et particulièrement riche en symbolique gestuelle. Des stèles du 2ème siècle avant J.C la représentent. Il est facilement identifié par des détails visuels : les bijoux en filigrane d’argent, la coiffure, avec des fleurs de Pith, le costume, avec le sari traditionnel de l’Orissa.

Madhavi Mugdal disciple du gourou Kelucharan Mohapatra au Yaksha 2013

Odissi est le style de danse classique de l’Orissa, région située à l’extrême est de l’Inde. Apparue aux alentours du IIème siècle avant J.C. dans les grottes d’Udayagîri, cette danse a atteint sa maturité au XIIème siècle. Art millénaire, savant et raffiné, la danse est d’abord figée dans la pierre et orne dès le IIe siècle avant J.C. grottes puis temples. Initialement associée à la liturgie des temples, Odissi devra ensuite attendre un renouveau, vers le milieu du XXème siècle. La révélation d’Odissi après l’indépendance de l’Inde est due aux recherches des extraordinaires gurus comme Pankanj Charan Das, Dev Prasad Das, Kelucharan Mahapatra, Sanjukta Panigrahi et Kumkum Mahanti. La quintessence d’Odissi réside dans la beauté et le raffinement de ses postures et mouvements. Il s’agit du style de danse le plus lyrique et sculptural de l’Inde, suivant des conventions morphologiques du corps inspirées de l’iconographie indienne. Elle est écrite dans un langage corporel très évolué. La subtilité des expressions et la poésie des mouvements des yeux, de la tête, du cou, du torse, des pieds sont offertes avec grâce aux divinités. L’esthétique repose sur un rapport étroit et délicat entre la musique, les mouvements et les expressions. Comme toute danse indienne, Odissi mêle la danse pure et la danse narrative, dont les codes gestuels sont puisés dans les traités de Natyashastras. Elle se Caractérise par quatre positions de bases :

1. la position verticale (sama)
2. le déplacement du corps sur un seul pied (abhanga)
3. la position géométrique par laquelle la figure de dieu principal de l’univers, Jagannath, est représentée (chouka)
4. La triple flexion de la tête, du buste et des hanches (tribhanga). Odissi réussit une parfaite fusion entre l’aspect Tandava (vigoureux et masculin) illustré par le chouka (position géométrique et équilibre du corps) et l’aspect Lasya (grâce et féminité) décrit par le Tribhangi (triple flexion).

Odissi est en partie comparable au bharatanatyam, mais en moins athlétique, plus douce, plus sensuelle.
Les costumes des interprètes sont colorés ; les bijoux en argent sont abondamment utilisés (en particulier des ornements élaborés au niveau de la taille) et la coiffe dépasse la tête et symbolise le sommet du temple. La musique, quant à elle, se rattache à la tradition classique hindoustani, avec quelques spécificités régionales. L’orchestre Odissi fait appel aux percussions (cymbales manjira et surtout tambour pakhâwaj, comparable au mridangam sud-indien), mais également à la flûte de roseau (bansuri), aux instruments à cordes (sitar, sarod, tampura) ou à l’harmonium (instrument à clavier et à vent).

Batu Nritta : Cette danse pure, représente les sculptures des temples de l’Orissa comme Konarak. On y découvre les instruments de musiques comme la flûte, les tambours, les cymbales et la veena.

La chorégraphe Madhavi Mudgal danse sur la musique traditionnelle d'inde du sud dite carnatique avec un bel exemple de konnakol où percussions vocales


Abhinaya : Danse d’expression. Un extrait de Gîta Govinda : paré d’un costume jaune et de pendeloques, tu piètines Kaliya, le roi des serpents ; toi le cavalier de Garuda, tu détruis les démons Madhu, Murea et Naraka …

Bilahari Pallavi : Pallavi signifie littéralement "fleur qui s’épanouit". Cette danse pure, dominée par le style Lasya (gracieux), commence lentement et atteint un rythme culminant. Dans le cours de danse, on peut saisir à divers moments la relation permanente entre la sculpture et les mouvements de la danse.
passage instrumental de musique traditionnelle de l’Orissa Hansa Kalyana Pallavi : Autre danse pure, dominée par le style Lasya (gracieux), basé sur le raga Hansa Kalyana.

Mohshya : La libération est considérée comme le but de la vie. L’écriture sainte mentionne la possibilité de l’atteindre à travers la pratique et la consécration totale à la danse. Mokshya est dansée dans un ryhtme rapide, avec des syllabes chantées.

Mangalam : Prière de bien-être, qui souhaite à tous d’être heureux, en bonne santé et que le monde soit fait de bonté. Ce mouvement invite à ne jamais éprouver de la tristesse.

Adrien Meszaros (Hongrie) danse l'Odissi à l'École Bhaskara des Beaux-Arts


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