Voyage en images et en textes courts, dans cette Inde fervente et colorée qui a si profondément marqué l'imaginaire occidental. Si Pavan K. Varma décrit, dans le Défi indien, un peuple puissamment matérialiste et finalement très pragmatique, l'Inde reste tout de même la terre où la dimension spirituelle de la mosaïque humaine reste la mieux représentée. C'est ce qu'ont voulu nous faire partager les auteurs et en cela, c'est une réussite. Rites, procession, ablutions initiations, traditions, danses, méditations, rien ne manque à ce festival instantané d'une introspection multiforme dans une Inde vibrante, chaude et authentique. Si la couverture de l'ouvrage nous percute avec un visage d'enfant d'une profondeur quasi hypnotique ce n'est pas sans raison car l'enfance y est omniprésente ; Douriadan, Manmohar, Priya, Anou, ils n'ont pas dix ans et déjà, happés par des destins hors norme, ils se donnent à la spiritualité avec une rigueur qui impressionne et qui est parfaitement capturée par un objectif sans fioriture. Quelle que soit la religion, l'enfant est là, entier et pur, peut-être jouet d'idéaux qu'il ne comprend pas encore, mais il s'applique, avec une innocence qui nous touche forcément, et rend chacune des images encore plus percutante. Les rendez-vous de l'Inde et du sacré est un livre fort, parce qu'il concentre vingt ans des meilleurs clichés de Frédéric Soltan et des textes et interviews de Dominique Rabotteau. Vingt longues années à écumer le sous-continent pour en rapporter de nombreux reportages auxquels peu de français ont échappés tant ils ont été diffusés sur de nombreuses chaînes (voir notre article). Mais le résultat est là :incomparable, incommensurable, unique, un concentré de ce que ce que l'âme pieuse d'un peuple immense à pu produire de plus spectaculaire, intense, authentique et d'une beauté irréelle sublimement illustrée par cette vieille femme assise à côté de deux statues d'un temple consacré à Shiva (page 254-255) et qui, à elle seule, justifierait l'achat de ce livre magnifique.