Clio est une agence de voyage spécialisée sur l'Inde qui offre une valeur ajoutée en organisant des circuits guidés par des universitaires spécialisés dans des domaines aussi passionnants que l'archéologie, la mythologie, la paléonthologie et bien d'autres sujets. Ce sont ces mêmes universitaires qui rédigent des articles très intéressants sur l'Inde que Clio propose sur son site Internet et dont nous avons dressé la liste pour vous...
L'origine des populations de l'Inde à la lumière des dernières découvertes archéologiques
Bernard Sergent
Chercheur au CNRS Président de la Société de mythologie française
Si d'immenses inconnues demeurent, touchant par exemple l'origine des populations du sud de l'Inde – les Dravidiens –, et si celle des populations dite Munda, dans l'est et le centre du Dekkan, ne s'éclaire que de faibles indices, de grands progrès ont néanmoins été faits au cours des dernières décennies au sujet de l'origine des populations qui composent l'univers indien. Nous avons demandé à Bernard Sergent auteur de Genèse de l'Inde (Payot, 1997), de faire pour nous le bilan de ces dernières découvertes, linguistiques, archéologiques et ethnologiques.
L'âyurveda ancien et contemporain en Asie du Sud et en Occident
Michel Angot
Membre du Centre d'Études de l'Inde et de l'Asie du sud Enseignant à l'EHESS
L'âyurveda (à prononcer "âyourvéda") est une médecine traditionnelle de l'Asie du Sud qui, sous une forme profondément altérée, bénéficie aujourd'hui de l'engouement occidental envers certaines médecines exotiques, principalement chinoise, tibétaine et indienne. En France, on parle de « médecine naturelle » ; en anglais, de « médecine alternative » ou de « médecine complémentaire » avec l'idée que ces médecines contribueraient à une médecine universelle.
Akbar et Fatehpur Sikri
Jean-Paul Roux
Directeur de recherche honoraire au CNRS Ancien professeur titulaire de la section d'art islamique à l'École du Louvre
Fatehpur Sikri, où tant d'influences artistiques se font sentir, est l'expression architecturale de l'idéal d'Akbar : la fusion en un ensemble unique, aussi harmonieux que possible, de toutes les tendances religieuses et culturelles de son empire. Jean-Paul Roux, nous fait découvrir cette étrange cité de l'Inde du Nord, qui est un monde à elle seule et traduit l'idéal philosophique de son créateur.
Anquetil-Duperron, grande figure de la recherche francophone
Jean Kellens
Professeur au Collège de France
Théologien et homme de science, aventurier et esprit libre, Anquetil-Duperron (1731-1805) s'était donné comme mission d'aller à la recherche des vieux livres sacrés de la religion préislamique de l'Iran et de les traduire. Cette démarche de terrain, emblématique du siècles des Lumières, n'eut guère de retombées bénéfiques pour cet académicien assez excentrique mais elle inaugura un intérêt qui ne devait jamais se démentir pour les études comparatives des religions indo-européennes.
Babur, conquérant et poète
Jean-Paul Roux
Directeur de recherche honoraire au CNRS Ancien professeur titulaire de la section d'art islamique à l'École du Louvre
Il ne faut pas confondre grand homme et homme célèbre. Babur n'est pas célèbre, ce qui nous stupéfie, mais il est grand. Par son œuvre de conquérant : il fonde l'empire des Grands Moghols des Indes (1526-1858) dont la reine Victoria d'Angleterre héritera en 1876 sans beaucoup changer sa structure. Par son œuvre littéraire : poète de talent, il est mémorialiste de génie ; son journal intime, Les Événements, nommé plus souvent Livre de Babur (Babur-name), est un chef-d'œuvre. Et tout simplement comme homme, tant il reflète l'humain avec toutes ses faiblesses et ses vices, mais aussi avec sa force, ses vertus et cette lutte pour surmonter les défaillances du corps et de l'âme, pour se vaincre. Désirant mieux comprendre sa personnalité et son œuvre, nous nous sommes adressés à Jean-Paul Roux qui a notamment publié Histoire des Grands Moghols, Babur aux éditions Fayard en 1986.
Des Gourkhas aux Népalis,
histoire et composition de la population du Népal
Marie Lecomte-Tilouine
Chargée de recherche au CNRS
Les populations du Népal ont longtemps été désignées par le terme de Gourkha, en particulier par les Britanniques et dans l'Inde voisine. Aujourd'hui, cette appellation ne s'applique plus qu'aux mercenaires d'origine népalaise engagés dans l'armée britannique ou indienne, tandis que les Népalais en général se présentent comme Népalis. Toutefois, comme l'explique ici Marie Lecomte-Tilouine le terme de Gourkha rappelle l'histoire de la formation du pays, passage obligé pour comprendre la composition actuelle de sa population.
Gandhi entre l'icône et l'histoire
Claude Markovits
Directeur de recherche au CNRS
Peu de personnalités ont suscité une aussi abondante littérature que le Mahatma Gandhi. Littérature souvent de type hagiographique, qui célèbre ses mérites sans nécessairement beaucoup nous éclairer sur un personnage d'une très grande complexité. Complexité qui n'est pas seulement celle d'un être déchiré par des pulsions souvent contradictoires, mais plus encore celle d'une situation historique, celle de l'Inde coloniale de la fin du XIXe siècle et de la première moitié du XXe siècle, soumise à une oppression coloniale qui peut paraître « douce » par rapport à celle qu'ont connue d'autres pays colonisés mais dont l'émancipation emprunta des voies souvent inattendues, dont Gandhi fut largement l'initiateur. De Gandhi, la postérité a conservé l'image d'un petit homme frêle, juste vêtu d'un pagne, armé d'un bâton de pèlerin, parcourant inlassablement l'Inde pour prêcher une révolution non-violente. Mais cette image est elle-même le résultat d'un processus bien spécifique, dans lequel se mêlent les efforts de Gandhi lui-même pour se forger une certaine apparence, et le travail de mémoire sélectif accompli par la postérité pour le transformer en icône.
Images du Bengale
Gérard Busquet
Diplômé de Sciences Politiques, ancien correspondant de l’AFP et du Figaro en Inde, accompagne des voyages pour Clio depuis 1994.
Un pays plat comme la Hollande et ceinturé d'eau, mais cinq fois plus grand et dix fois plus peuplé : telle est l'ancienne province du Bengale, divisée aujourd'hui entre le Bangladesh – le Bengale oriental – et le Bengale occidental, rattaché à l'Inde. Renommé pour sa richesse et sa fertilité, le delta du Gange-Brahmapoutre attira des envahisseurs venus de tous les horizons et devint le foyer d'une culture syncrétique qui vit fleurir l'hindouisme, le bouddhisme, puis l'islam… Gérard Busquet nous donne ici un aperçu du kaléidoscope d'images qu'offre cette région.
Inde : le labyrinthe du temps
Didier Trock
Directeur culturel de Clio
Depuis plusieurs semaines déjà, sur les jetées du port d'Ostie, drapé dans sa toge blanche, imposant, le regard dur et anxieux, un riche armateur romain scrute avec attention l'horizon. Il y a de longs mois, l'un de ses fidèles subrécargues cingla vers le Levant, chargé de pesantes bourses gonflées de ces aureus récemment frappés par l'empereur Tibère… Une voile apparaît cependant, parmi tant d'autres, qui baigne son cœur de joie : le navire, « son navire », revient enfin. Ce ne sont pas les lourdes amphores emplies de bon vin syrien ou de blé doré qui sont source de sa joie, ce ne sont que quelques sacs de toile de lin qui recèlent en leurs flancs des grains noirs à l'odeur coruscante et valent presque leur poids d'or, tant la riche société romaine en est friande : du poivre. Le marchand ne se soucie pas du pays d'où provient cette richesse. Jamais il n'abordera ces rivages de légende. Peu lui importe que ses monnaies d'or ne soient maintenant entre les mains d'un roitelet de Podouké, ce comptoir qui portera bien plus tard le nom de Pondichéry. Son mandataire lui-même ne sera entré en contact qu'avec d'autres marchands qui, de caravane en caravane, de navire grec en navire conduit sur l'aile de la mousson par d'intrépides marins arabes, ont apporté sur les rives méditerranéennes ce précieux trésor venu d'un monde encore inconnu : les Indes.
L'art indien, exubérante représentation du monde des dieux
Thierry Zephir
Ingénieur d'études au musée des arts asiatiques-Guimet
Transcendant l'humain, les artistes indiens ont su rendre leurs réalisations idéalement aptes à incarner aux yeux des fidèles la nature immanente, impersonnelle, supérieure et omniprésente des dieux. Avec humilité, ils ont œuvré pour l'éternité, en accord avec l'âme de l'Inde, forgée par le plus profond respect de la nature et de son mystère. Thierry Zéphir nous donne ici quelques clés pour mieux appréhender l'éblouissante richesse du patrimoine artistique indien.
L'École française d'Extrême-Orient
Jean-Pierre Drège
Directeur d'études à l'Ecole Pratique des Hautes Etudeshttp:
Créée à Saigon à l'instigation de l'Académie des inscriptions et belles-lettres en 1898, la Mission archéologique d'Indochine devient l'École française d'Extrême-Orient par arrêté du 20 janvier 1900, tandis que son siège est transféré peu après à Hanoi. À l'origine, elle a pour mission de travailler à l'exploration archéologique, à la collecte des manuscrits, à la conservation des monuments, à l'étude du patrimoine linguistique des régions qui constituèrent l'Indochine française et de contribuer par ailleurs à l'étude de l'histoire de toutes les civilisations asiatiques, depuis l'Inde jusqu'au Japon. Depuis ces quelque cent ans, elle a développé ses activités et a multiplié ses centres de recherche. Désirant mieux connaître cette prestigieuse institution, nous nous sommes adressés à son directeur, Jean-Pierre Drège.
L'Empire mongol, de l'art de la conquête
Jean-Paul Roux
Directeur de recherche honoraire au CNRS Ancien professeur titulaire de la section d'art islamique à l'École du Louvre
En 1164 peut-être – les dates ne sont pas sûres – au nord du pays qui deviendra la Mongolie, un homme et un garçon de neuf ans, Temüdjin, séjournent chez un chef de tribu des Qonggirat. Ils sont bien accueillis, et, comme on se plaît, on décide de fiancer le fils du visiteur à la fille de l'hôte et de laisser le garçon en séjour dans la famille de sa future femme. Quand le père part, il dit : « Mon fils a peur des chiens. Ne le laisse pas effrayer par des chiens. » Cet enfant qui craint les molosses va devenir Gengis Khan, le plus grand conquérant de la terre, celui qui vivra, selon le mot du grand orientaliste Paul Pelliot, la plus prodigieuse aventure que le monde ait connue. Pour la découvrir, suivons Jean-Paul Roux, auteur de nombreux ouvrages parmi lesquels une Histoire de l'Empire mongol (Fayard-1995).
L'enjeu tibétain au XIXe siècle
Laurent Deshayes
Membre du Centre de Recherches en Histoire Internationale et Atlantique (Université de Nantes)
Le Tibet, pays limitrophe de trois grandes puissances, à savoir la Grande-Bretagne, la Chine et la Russie, fut placé au XIXe siècle sur la liste des lieux stratégiques à conquérir par celles-ci. Laurent Deshayes nous explique comment les difficultés intérieures et internationales de chacune d'entre elles, la configuration montagneuse du Tibet ainsi que l'ignorance dans laquelle il vivait vis-à-vis du reste du monde contribuèrent pendant longtemps à isoler celui-ci et à laisser se conclure des traités qui décidaient de son avenir. Ce n'est que récemment que les responsables tibétains comprirent qu'il était vital de sortir d'un isolationnisme qu'ils avaient contribué à maintenir et qui faisait de leur pays un enjeu géopolitique au XXe siècle.
L'hindouisme : sans fondateur ni dogme, une religion multiforme
Olivier Bossé
Chargé de cours de civilisation au département Asie du Sud à l’Institut national des langues et civilisations orientales
Il n'est pas rare pour un Occidental que son premier contact avec l'hindouisme se fasse à la vue d'un grand temple hindou à la richesse iconographique impressionnante, mais dont il a beaucoup de mal, au-delà de l'expression artistique, à apprécier le contenu religieux. Pour celui qui veut en savoir un peu plus sur l'hindouisme, la première difficulté provient du fait que cette religion ne connaît pas de fondateur, de dogme et encore moins de clergé constitué. Pour mieux en comprendre les origines, l'évolution et les représentations, nous nous sommes adressés à Olivier Bossé.
L'Inde britannique ou « le joyau de la Couronne »
Claude Markovits
Directeur de recherche au CNRS
C'est au début du XVIIe siècle sous les auspices de l'East India Company que débute l'histoire de l'Inde britannique qui se terminera en 1947 avec l'indépendance de l'Inde. Claude Markovits, chercheur au centre d'étude de l'Inde et de l'Asie du Sud du CNRS, nous introduit dans cet épisode de l'histoire indienne qui est encore aujourd'hui un objet de controverses et de débats. Si sur le plan culturel, linguistique et intellectuel le rapprochement des deux pays eut des effets positifs, il n'en fut pas de même pour les décisions économiques et politiques prises par les Britanniques.
L'islam contemporain
Paul Balta
Ancien directeur du Centre d'études de l'Orient contemporain à l'université de Paris III-Sorbonne Nouvelle
11 septembre 2001. Les spectaculaires attentats contre le World Trade Center de New York et le Pentagone, à Washington, sont attribués au réseau terroriste international, Al Qaida (La Base), constitué en 1998 par le Saoudien d'origine yéménite, Oussama Ben Laden, allié du régime rétrograde et dictatorial des taliban (singulier taleb), étudiants en religion, au pouvoir en Afghanistan depuis 1996. Ils ont constitué le point culminant de la montée de l'intégrisme musulman et contribué à alimenter l'islamophobie de ceux qui ne connaissent pas l'histoire ancienne et contemporaine de l'islam, lequel signifie « soumis à Dieu », et qui est à la fois religion, loi, morale, politique, style de vie, culture. Paul Balta, spécialiste des mondes arabe et musulman, qui a écrit de nombreux articles et ouvrages – les deux derniers, parus en 2001, étant Islam, civilisation et sociétés, aux éditions du Rocher, et L'Islam, dans la collection « Idées reçues » du Cavalier bleu – nous permet aujourd'hui de faire le point sur ce sujet.
L'islam des partisans d'Ali : le chiisme
Jean-Paul Roux
Directeur de recherche honoraire au CNRS Ancien professeur titulaire de la section d'art islamique à l'École du Louvre
Une étude du chiisme doit tenir compte de plusieurs faits : il n'est pas spécifiquement iranien ; il a une longue histoire ; loin d'être unifié, il se subdivise en maints rameaux ; tous les mouvements religieux ou toutes les sectes qui se réclament de lui ou qu'on lui attribue ne relèvent pas de lui. Elle implique aussi qu'on l'oppose au sunnisme dont il est sorti, contre lequel il s'est dressé, qu'il a manqué vaincre, mais qui en définitive l'a emporté puisqu'il est professé de nos jours par 85 à 89 % des musulmans.
L'islam en Inde : ses origines et sa situation contemporaine
Aminah Mohammad-Arif
Chargée de recherche au CNRS
L'Inde occupe une place majeure dans le monde islamique, bien plus importante que la plupart ne l'imaginent. Sur le plan démographique d'abord, les musulmans, certes minoritaires, n'en forment pas moins une population totale de cent vingt millions de personnes, ce qui place l'Inde au troisième rang derrière l'Indonésie et le Pakistan. Sur le plan historique d'autre part, l'islam y occupe une place très ancienne – sa présence remonte au premier siècle de l'Hégire – et marquante puisque les musulmans y établirent leur hégémonie du XIIIe au XVIIIe siècle ; ils procédèrent à une unification partielle du sous-continent qui sera reprise et complétée par les Britanniques. Enfin, les interactions entre l'islam et l'hindouisme, la religion dominante dans le sous-continent, ont été telles que des influences réciproques continuent d'imprégner tous les aspects de la vie de chacune des communautés. Dans le nord de l'Inde tout particulièrement, l'impact de l'islam se lit notamment dans nombre d'expressions artistiques – l'architecture, la musique, la cuisine, ainsi que dans la mystique et dans les emprunts linguistiques. Quant à l'islam indien, il est lui aussi fortement influencé par les traditions des zones où il s'est implanté : adoption du système des castes, cérémonies des rites de passage, mariages notamment, religiosité populaire et culte des saints. Mais, comme nous le montre ici Aminah Mohammad-Arif, l'islam n'en a pas moins conservé des caractéristiques propres qui rapprochent les musulmans du sous-continent de leurs coreligionnaires ailleurs dans le monde.
La « route de la Soie »
Histoire du commerce et des transferts de techniques avant le XIe siècle
Lucette Boulnois
Ingénieur de recherche au CNRS
Que recouvre véritablement l'expression « route de la Soie », ou « routes de la Soie », devenue aujourd'hui une formule presque magique dans l'industrie du tourisme ? Une promesse de beauté – beauté des paysages, montagnes surhumaines et déserts légendaires, beauté de la peinture et de la statuaire bouddhiques d'un passé reculé, de l'architecture musulmane ? Route de la Soie, un maître-mot ès imaginaire qui vous entraînera, en voyage organisé ou en rêveur promeneur solitaire, « dans les pas de Marco Polo » ou « sur les traces d'Ella Maillart », sur tout ou partie des dix ou douze mille kilomètres qui séparent la Grande Muraille des rives de la Méditerranée…
La civilisation de l'Indus
Jacques Népote
Chargé de recherche au CNRS Directeur de la revue Péninsule
Vers 2500 av. J.-C. apparaît, dans la vallée de l'Indus, une civilisation urbaine comparable à celles de Mésopotamie et d'Égypte. Mais, au regard de la soudaineté de cette éclosion et de ses caractéristiques étonnantes, on peut se demander où elle est née et quels en ont été les acteurs. Jacques Népote fait ici le point des dernières connaissances sur cette civilisation brillante, mais qui reste encore bien mystérieuse.
La miniature iranienne, un art figuratif en terre d'islam
Jean-Paul Roux
Directeur de recherche honoraire au CNRS Ancien professeur titulaire de la section d'art islamique à l'École du Louvre
Comment et quand est née la miniature iranienne ? Quelle a été son évolution et quel est son devenir ? C'est toute l'histoire de cet art délicat et merveilleux que scrute ici Jean-Paul Roux en analysant les premiers dessins jusqu'au XIVe siècle où se constitue la miniature iranienne comme un art parfaitement maîtrisé par les dessinateurs et les coloristes. Cependant, malgré des noms prestigieux comme Behzad et Abbasi et l'influence qu'ils ont exercée, la miniature aujourd'hui ne survit plus que comme une répétition inlassable de formules usagées dont l'aspect conventionnel invite à la transcendance.
La miniature moghole, éclectique et raffinée
Jean-Paul Roux
Directeur de recherche honoraire au CNRS Ancien professeur titulaire de la section d'art islamique à l'École du Louvre
La peinture moghole, contrairement à la peinture ottomane de manuscrits, connut très tôt une large audience et conquit la faveur des historiens de l'art et du grand public. L'intervention des Portugais aux Indes, puis l'occupation française et anglaise ne manquèrent pas d'y contribuer. Rembrandt lui-même ne jugea pas inutile de copier certaines œuvres indiennes. Dès le XVIIe siècle, des collections entières entrèrent dans les musées, d'abord à la Bodleian d'Oxford, puis à Paris, à Londres ou à Dublin. Jean-Paul Roux auteur d'une Histoire des Grands Moghols (Fayard, 1988), fait revivre pour nous cet art éclectique, subtil et raffiné dont le charme incomparable a su défier les siècles.
La naissance du bouddhisme
Gérard Fussman
Professeur au Collège de France
Bien qu'il soit souvent dit que le bouddhisme est avant tout « une vision du monde », il a tous les caractères d'une religion révélée : un fondateur, personnage extraordinaire en contact direct avec une vérité qui échappe à l'humanité ordinaire ; des dogmes, c'est-à-dire des vérités admises comme allant de soi ; une sotériologie ; des cérémonies cultuelles, ritualisées ou non ; une église très hiérarchisée ; des saints, hommes et femmes ; des intercesseurs ; des querelles internes et des divisions qui en font aujourd'hui une religion aux aspects contrastés. La vision historique seule permet de subsumer sous le nom de bouddhisme des formes d'expression religieuses d'apparence aussi différente que le bouddhisme réformé – au sens où l'on dit des Protestants qu'ils sont Réformés – de Sri Lanka (Ceylan), le tantrisme de certaines écoles tibétaines, et le zen japonais.
La naissance du Pakistan
Aminah Mohammad-Arif
Chargée de recherche au CNRS
Fruit de la décolonisation de l'Empire britannique des Indes et de sa partition en 1947, le Pakistan est né dans le sang et les larmes. Comment les prises de position successives des élites hindoues et musulmanes ont-elles pu aboutir aux violents affrontements et aux transferts des populations musulmanes et hindoues lors de la création du Pakistan ? Telle est la question que nous avons posée à Aminah Mohammad-Arif.
La thalassocratie portugaise du XVIe siècle
Jean-François Labourdette
Professeur émérite de l’université Charles de Gaulle-Lille III
Fernand Braudel écrivait : « Les historiens ont étudié, mille fois pour une, la fortune du Portugal : l'étroit royaume lusitanien ne joue-t-il pas les premiers rôles dans l'énorme bouleversement cosmique qu'introduisent l'expansion géographique de l'Europe, à la fin du XVe siècle, et son explosion sur le monde ? Le Portugal a été le détonateur de l'explosion. Le premier rôle lui revient. » Pour comprendre les causes de la gigantesque épopée collective d'un aussi petit peuple, laissons la parole à Jean-François Labourdette.
La venue du bouddhisme en Asie centrale
Gérard Fussman
Professeur au Collège de France
La conversion partielle des peuples de l'Asie centrale au bouddhisme est un événement dont on ne saurait surestimer l'importance. Plus de deux mille ans après l'établissement des premiers établissements bouddhistes au nord de l'Hindou-Kouch et du Karakoram, il est difficile d'imaginer sans anachronisme comment et pourquoi des populations appartenant à des mondes culturels et religieux nullement décadents adoptèrent une religion venue d'un pays qu'elles considéraient comme terre de conquête, qui plus est apportée par des moines errants faisant profession de pauvreté et probablement assez ignorants des mœurs, croyances et coutumes des pays où ils venaient s'établir.
L'art érotique hindou
Michel Angot
Membre du Centre d'Études de l'Inde et de l'Asie du sud Enseignant à l'EHESS
En Inde, l'érotisme occupe durant trois mille ans de production artistique et idéologique ininterrompue une place beaucoup plus importante que dans notre Antiquité classique puis dans l'Europe chrétienne. Cela tient en grande partie au fait que si dans le christianisme Dieu est amour, en Inde Dieu fait l'amour.
L'Avesta, Zoroastre et les sources des religions indo-iraniennes
Jean Kellens
Professeur au Collège de France
Même si les historiens et les philosophes grecs avaient quelque connaissance de la religion de l'ancien Empire perse, il fallut attendre le milieu du XVIIIe siècle pour qu'un voyageur français, Anquetil-Duperron, puisse acquérir auprès des Parsis de Pondichéry des manuscrits en nombre suffisant pour que commence l'étude de la langue et des textes de l'Avesta, puis de la mythologie, de la religion et des philosophies recueillies dans ce livre sacré.
Le bouddhisme tantrique au Tibet
Laurent Deshayes
Membre du Centre de Recherches en Histoire Internationale et Atlantique (Université de Nantes)
Le bouddhisme se répandit dans le sous-continent indien dès le VIe siècle avant J.-C. puis vers les pays asiatiques dans le premier siècle de notre ère. Une de ses branches qui étonne tout autant qu'il séduit les Occidentaux est le bouddhisme tantrique dont nous parle ici Laurent Deshayes. Troisième volet de l'enseignement du bouddhisme avec le grand et le petit véhicule, le bouddhisme tantrique ne gagna le Tibet qu'au VIIIe siècle. Les quelques aspects extérieurs impressionnants de résistance physique des participants et les déviations parfois dangereuses empruntant aux drogues et ou au sexe, qui sont parfois les seuls aspects retenus en Occident, ne doivent pas masquer qu'il s'agit, tout comme pour les deux autres volets, d'un enseignement exigeant qui demande l'absolu renoncement, l'absolue obéissance au maître spirituel et une initiation longue et rigoureuse qui dépasse les frontières de l'entendement et de toute forme de compréhension.
Le christianisme en Asie centrale
Jean-Paul Roux
Directeur de recherche honoraire au CNRS Ancien professeur titulaire de la section d'art islamique à l'École du Louvre
L'Asie centrale, de tout temps terre de passage, d'invasion, de rencontre des civilisations venues des quatre points cardinaux, est le lieu de la diversité anthropologique, linguistique et culturelle par excellence. Comment, et sous quelle forme le christianisme s'y implanta-t-il ? Quel rôle y joua-t-il ?