La Chine et l'Inde se développent de manière spectaculaire et leur intégration au sein de l'économie mondiale se révèle tout aussi rapide. Depuis un quart de siècle, l'entrée de ces deux puissances dans le jeu de la mondialisation bouleverse les grands équilibres économiques, mais aussi les conditions écologiques et environnementales de notre planète. Le Dessous des Cartes/ARTE s'associe au Collège de la Cité des sciences pour proposer une grille de lecture et mieux comprendre les enjeux de ce bouleversement.avec trois conférences...
Chine et Inde : des puissances émergentes
Samedi 18 novembre 2006, 10h30 à l'auditorium
Frank Tetart, chercheur au laboratoire d'études politiques et cartographiques (LEPAC), co-auteur du Dessous des cartes/Arte
On parle beaucoup de la Chine, comme future grande puissance, mais rarement de l'Inde. Elle est pourtant déjà une puissance démographique et nucléaire, un important pôle technologique. Aussi, le développement spectaculaire de la Chine comme de l'Inde est aujourd'hui en train de bouleverser les grands équilibres économiques et de changer la donne mondiale par leur poids croissants sur la scène internationale. Il suffit de mentionner l'augmentation du prix des matières premières induit par l'extraordinaire croissance chinoise ou de la concurrence des entreprises indiennes avec leurs homologues européennes ou américaine pour en saisir la portée.
Après avoir rappelé les caractéristiques de ces deux pays émergents, qui représentent un tiers de l'humanité, dans deux numéros du Dessous des Cartes, nous tenterons d'analyser leurs poids et leur rôle sur la scène internationale, et les enjeux que suscite leur émergence économique et politique.
Chine et Inde : les enjeux de l'environnement
Samedi 25 novembre 2006, 10h30 à l'auditorium
Frédéric Landy, professeur, université Paris-X, membre associé du Centre d'études de L'inde et de l'Asie du Sud (CEIAS/EHESS)
L'Inde est un pays émergent. Elle connaît donc les affres d'un pays pauvre, tout en n'étant pas exempte des problèmes des pays riches en matière d'environnement. Pays pauvre, elle a du mal à satisfaire ses besoins de croissance sans pénaliser l'écologie,malgré sa faible consommation énergétique par habitant. Les besoins de son agriculture la poussent à encourager les cultures OGM, avec des risques pourtant multipliés pour les petits paysans. Le souci d'autosuffisance alimentaire encourage à développer l'irrigation, alors que bien des sols sont déjà perdus et que les nappes souterraines déclinent rapidement.
Mais en tant que pays émergent, l'Inde a aussi des ambitions écologiques correspondant au souci des classes moyennes. Un système juridique original permet aux citoyens de saisir la Cour Suprême, d'où des mesures spectaculaires comme le blocage complet de la circulation à Delhi en 2001, l'élimination de bidonvilles, ou l'arrêt des essais en plein champ des OGM en 2006. La protection de la forêt est un autre exemple, pris entre les intérêts divergents des populations riveraines, de l'administration forestière, des industriels ou des mouvements écologistes.
Frédéric Obringer, chargé de recherche au Cnrs, Centre d'études sur la Chine moderne et contemporaine, Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS)
Il existe depuis l'antiquité chinoise une tradition des grands travaux destinés à maîtriser et à bouleverser des conditions naturelles souvent rudes. En ce sens, il serait illusoire de penser que certains aspects de la civilisation chinoise (valorisation de la nature par le taoïsme, par exemple) aient pu s'opposer d'une façon marquante aux bouleversements de l'environnement naturel tout au long de l'histoire de la Chine. Mais il va de soi que le processus s'est accentué depuis une cinquantaine d'années. Le type de développement prôné par le régime communiste jusqu'à la fin des années 1970 reposait sur l'industrie lourde, très polluante. Après les années 1980, le développement économique et la croissance urbaine très rapides ont exacerbé la fragilisation des milieux naturels.
Les autorités chinoises ont désormais à faire face à une déforestation très importante à une désertification grandissante, à une diminution de la biodiversité. Un autre problème particulièrement inquiétant pour l'avenir est celui des ressources hydriques, avec un déséquilibre entre le nord déficitaire et le sud, soumis aux inondations. L'augmentation très préoccupante de la pollution de l'air et des eaux a conduit assez récemment à une prise de conscience de la part des autorités et de la population chinoises des problèmes environnementaux, avec leurs conséquences sur le plan sanitaire comme sur le plan économique. Mais l'on ne sait si les moyens mis en œuvre suffiront à éviter à la Chine la crise écologique majeure que certains experts prédisent
L'énergie en Chine : une question clé
Samedi 2 décembre 2006, 10H30 à l'auditorium
Laurence Tubiana, directrice de l'Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI), Chaire de développement durable, Sciences Po/ Paris
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